SÉDUIRE : cinq leçons sénégalaises
PHOTOGRAPHIES : Fabien de Cugnac ÉDITIONS ALTERNATIVES, 5 rue de Pontoise, 75005 p4
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L'Étudiante pense à Samba. Sa voisine de gauche murmure quelques mots que l'apprenti entend ou comprend à son regard, dans les grincements et les râles métalliques. Elle se lève pour descendre du car-rapide: un jeune corps mince et pulpeux moulé dans une longue jupe droite et un corsage qui signale l'arrière-train par un bouillon gansé sur les hanches. Sur sa tête nue, des nattes serrées conduisent l'il vers la grâce de sa nuque. Elle descend du marchepied sans qu'aucun de ses gestes n'ait trahi autre chose que la force gourmande de la douceur féminine. Samba la trouverait belle. On dit que les Sénégalaises sont les plus élégantes des Africaines. Comment font-elles ? Les Blancs pensent que c'est inné. Si seulement Samba était parti dans un coin perdu d'Europe ou dans une de ces villes viles des États-Unis. Enfin, dans ces régions où les femmes osent promener derrière un caddie des fesses muettes sous un jogging flasque, ou exposer toutes leurs faiblesses dans les replis d'un caleçon cruel. Bien sûr là-bas aussi les femmes savent séduire. Mais ici, même dans ces petites villes ensablées que visite Samba, même si loin du clinquant de Dakar, aucune femelle moins aimée de la nature ne laisse aux mâles le loisir de s'en apercevoir. À moins qu'elle ne soit presque morte de faim, ou de vieillesse, ou de folie. |
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